Voyage au coeur du système digestif et bonnes pratiques

Règle d’or de l’alimentation des chevaux : Toujours distribuer les fourrages (foin) avant les concentrés (aliments, céréales…) dont la distribution sera fractionnée en plusieurs repas (maxi 0,5 % du poids vif par repas). A cela plusieurs raisons, qu’un  voyage à travers l’appareil digestif du cheval finira si besoin était de nous en convaincre…

En tant qu’herbivore nomade, le cheval a développé un appareil digestif qui lui est bien spécifique et lui permet de tirer la quintessence de fourrages très variés dont la composition et disponibilité évoluent fortement au cours des saisons…
Tout en se déplaçant, le cheval sauvage ingérait de nombreux petits repas. Lorsque les fourrages étaient de piètre qualité, le cheval pouvait parcourir plus de 20 km ce qui l’occupait plus des 2/3 de son temps et lui permettait d’ingérer plus de 3 % de son poids vif en matière sèche, soit plus de 15 kg de matière sèche pour un cheval de 500 kg. Ce même cheval  au printemps et dans une verte prairie pouvait se contenter d’une ingestion limitée à 2 % de son poids vif en matière sèche, soit 10 kg de matière sèche.

Ces petits repas allaient et vont encore, comme des wagons sur des rails, cheminer  les uns derrières les autres, pendant environ 48 heures, de la bouche au rectum.

Etape 1 : la mastication

Au cours d’une mastication poussée, la nourriture ingérée est broyée en fines particules  qui s’imprègnent de salive, ce qui leur permet de glisser le long du « toboggan » œsophagien et d’arriver dans l’estomac.

Etape 2 : l’estomac

L’estomac est un petit réservoir de 15 à 18 litres dans lequel les aliments subissent une première attaque acide, principalement sous l’action de l’acide chlorhydrique sécrété en continu par la muqueuse glandulaire. A l’état naturel, l’estomac n’est jamais totalement vide ni totalement plein (2/3 des aliments n’y séjournent pas plus d’une heure et sa vidange totale parvient après 5 à 6 heures de jeun). Les aliments n’y subissent qu’un faible brassage, et cheminent progressivement vers le duodénum et l’intestin grêle. Impossible aux aliments de faire demi-tour, le cheval ne pouvant éructer, le cardia se comportant comme un clapet anti-retour. Un repas chasse l’autre et le premier ingéré est également le premier sorti.

Etape 3 : l’intestin grêle

Arrivés dans l’intestin grêle, les aliments sont l’objet d’une première digestion enzymatique, intense et brève : 1 à 2 h maximum.
Sous l’action de la bile, sécrétée en continu car le cheval ne possède pas de vésicule biliaire, sont digérés et absorbés : les sucs pancréatiques, de nombreuses enzymes intestinales, les glucides solubles (sucres des fourrages tendres et amidon des céréales), les protéines, les matières grasses, les oligo-éléments, les vitamines et les minéraux, excepté le phosphore.
Une fois ainsi déchargés de leurs nutriments les plus riches, les wagons allégés continuent leur périple digestif en entrant dans le cæcum, qui suivi du colon constitue le gros intestin où intervient une seconde digestion dite microbienne.

Etape 4 : le gros intestin

Commence alors une phase beaucoup plus lente, de 24 à 36 heures, de valorisation des fibres dont la fermentation par une flore intestinale principalement cellulolytique produira des acides gras volatils. A noter qu’avec des régimes exclusivement constitués de fourrages grossiers, ces acides gras constituent la principale source d’énergie du cheval. C’est également au cours de cette phase que seront absorbés le phosphore et les vitamines du groupe B produites par fermentation.

En résumé, les aliments riches sont digérés rapidement dans l’estomac et l’intestin grêle, alors que les aliments grossiers tels que les fibres sont eux digérés beaucoup plus lentement dans le gros intestin.

Les bonnes pratiques à retenir pour les chevaux ne vivant pas au pré :

  • Des fourrages pour lubrifier et ouvrir la voie (au moins une heure avant la distribution de concentrés).
  • Des concentrés distribués en petites quantité par repas : maximum 0,5 % du poids vif par repas, soit pour un cheval de 500 kg, au maximum 2,5 kg de concentré par repas, soit 4 L de granulé ou 5 L de floconné.
  • Un temps d’attente de minimum 2 heures entre la distribution de concentrés et la distribution de fourrages.
  • Un temps d’attente de minimum 1 heure après un repas de concentrés pour faire travailler un cheval.
  • Des périodes de jeun inférieures à 4 heures, y compris la nuit… Pensez à mettre à disposition du fourrage (foin ou paille) le soir !
  • Et bien sûr de l’eau à volonté.