La domestication du cheval et son exploitation par l’Homme pour les travaux des champs ou pour la guerre a imposé le recours aux céréales et donc à des rations riches en amidon. Aujourd’hui, si les avancées de la recherche en nutrition équine ne remettent pas en cause ses intérêts nutritionnels, elles nous mettent en garde contre ses effets délétères sur le système digestif du cheval. Comment l’amidon agit-il sur le cheval et comment maîtriser sa quantité pour se prémunir de ses désagréments ?
L’amidon : qu’est-ce-que c’est ?
L’amidon est un sucre complexe que l’on trouve dans le cytoplasme des cellules végétales. Molécule de réserve énergétique, elle contribue à la survie de la plante lors de la mauvaise saison. L’amidon est constitué de deux polymères de glucose différents : l’amylose et l’amylopectine dont les proportions dépendent de la source botanique. Les céréales sont des végétaux particulièrement riches en amidon toutefois, sa teneur diffère selon la matière première considérée. Le maïs et le blé sont les céréales les plus riches en amidon, elles en contiennent respectivement 64 et 60%. On en trouve également dans l’orge à hauteur de 52% et l’avoine à hauteur de 36%. Certaines matières premières en sont dépourvues comme la graine et le tourteau de lin ou de soja, la pulpe de betterave, l’herbe et le foin ou encore la luzerne.
L’amidon est la source énergétique la plus utilisée par le cheval à l’effort, soit par oxydation en libérant de l’énergie soit par formation de lipides ou de glycogène qui sera dégradé en glucose pendant l’effort.
La digestion de l’amidon
L’amidon, comme toute autre molécule ingérée par le cheval, transite par l’estomac, l’intestin grêle puis le gros intestin. Il est digéré à 60% dans l’estomac grâce à des bactéries dites commensales (non pathogènes) qui réalisent la fermentation. Ces bactéries ont la capacité de dégrader l’amidon en particulier l’amylose, moins digestible que l’amylopectine. L’amidon restant est hydrolysé dans l’intestin grêle par des amylases, présentes dans la salive et le suc pancréatique. Il existe toutefois de la variabilité car selon la céréale dont il provient, l’amidon est plus ou moins digestible. En effet, l’avoine possède la meilleure digestibilité anté-caecale (avant l’entrée dans le gros intestin) de l’amidon suivie de près par le blé, puis l’orge et le maïs [1]. De plus, les traitements technologiques (thermiques ou mécaniques) tels que le floconnage (aplatissage et cuisson à la vapeur) permettent d’augmenter la digestibilité de l’amidon. Pour les céréales comme l’orge ou le maïs, ces procédés sont très intéressants compte tenu de la faible digestibilité de leur amidon. Cependant, plus un aliment est digeste, plus son index glycémique augmente. Or, il est recommandé de se nourrir avec des aliments ayant un index glycémique bas pour éviter les variations trop importantes de la glycémie.
Les effets délétères de l’amidon
Dans l’estomac, les fermentations bactériennes produisent de l’acide lactique se traduisant par un pH faible dans cet organe. Un excès d’amidon dans la ration provoque une chute du pH favorisant l’acidité gastrique et le risque d’ulcères. Lorsque la quantité apportée par repas est trop riche en amidon, l’estomac et l’intestin grêle ne sont plus capables de digérer la totalité de l’amidon. Ce dernier arrive non digéré dans le gros intestin, s’accumule et provoque une surcharge à l’origine de troubles digestifs. La déstabilisation du microbiote intestinal (dysmicrobisme coeco-colique) entraîne des fermentations dans le gros intestin pouvant causer des diarrhées et des coliques, première cause de mortalité chez le cheval.
D’autres pathologies sont associées à l’amidon notamment celles qui touchent l’appareil musculo-squelettique : la fourbure, les myosites récurrentes (RER, PSSM) et l’ostéochondrose ou encore des maladies métaboliques avec résistance à l’insuline : le syndrome de Cushing et le syndrome métabolique équin. Pour l’ensemble de ces raisons, l’apport d’amidon ne doit pas dépasser 2g/kg de Poids Vif (PV) par jour et 1g/ kg de PV par repas. Tous les aliments Destrier permettent de respecter cette recommandation, à condition d’être distribués en quantité maîtrisée.
La recommandation pour les chevaux sensibles aux pathologies citées est plus restrictive : 1/kg de PV par jour [2]. Le Destrier Power Save et le Destrier Racing Fiber sont formulés spécifiquement pour ces situations.
Enfin, il convient d’être vigilant lors des périodes de transitions alimentaires en particulier lorsque le taux d’amidon est sensiblement différent entre les deux rations. Dans ce cas, une transition alimentaire de 14 jours permet au système digestif du cheval de s’adapter.
Véritable carburant énergétique des efforts courts, l’amidon est indispensable dans l’alimentation du cheval de sport : pas d’effort sans énergie glucidique et pas d’énergie glucidique sans amidon. Néanmoins, lorsqu’il est incorporé en excès dans les rations, il favorise l’apparition de certaines pathologies. Pour s’en prémunir, il convient d’éviter d’utiliser des céréales en l’état et de rester vigilant sur le choix de son aliment et sur la quantité distribuée. C’est la dose qui fait le poison…
[1] « Etude de l’effet de l’origine botanique de l’amidon sur sa digestibilité antécaecale chez le cheval : mise en place d’une méthode de référence in sacco », Alice Jevardat de Fombelle-Guermonprez, 2003
[2] Luthersson et al., “Risk factors associated with equine gastric ulceration syndrome in 201 horses in Denmark”, Equine Vet. J., 41 (7), 625-630, 2009